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La vérité sur l’efficacité des masques artisanaux

Leur confection apparaît comme une solution à la pénurie de masques, mais leur efficacité est parfois mise en doute. Voici ce qu’il faut savoir.

La crise sanitaire sans précédent que nous connaissons a propulsé sur le devant de la scène des sujets aussi méconnus que l’utilité des masques et l’incapacité de notre pays à effectuer en nombre des tests de dépistage du Covid-19. La difficulté manifeste de l’État français à s’approvisionner suffisamment en masques brouille le message tandis que certains pays, à l’instar des États-Unis, ont fait le choix d’imposer le port de masques dans la rue et au travail afin de limiter la propagation du virus. Si la nécessité de fournir les professionnels de santé en quantité suffisante – ce qui n’est à ce jour pas le cas – ne fait pas débat, imposer le port du masque dans une optique de déconfinement progressif ne semble pas être à l’ordre du jour. C’est pourtant une question stratégique, mais aussi, et surtout, de bon sens.

Il est désormais acquis que nous devrons cohabiter pendant les prochains mois avec ce virus très contagieux dont l’éradication ne passera que par la commercialisation d’un vaccin qui n’est pas attendu avant 12 à 18 mois. Nous sommes loin de tout savoir sur le coronavirus, mais nous avons tout de même quelques certitudes, en particulier sur son mode de transmission. La distanciation sociale d’un mètre et demi à deux mètres permet de se tenir à distance d’un potentiel malade, symptomatique ou pas, dont les postillons porteurs du virus pourraient nous contaminer. Comment imaginer reprendre le cours normal de la vie en s’appuyant uniquement sur la distanciation sociale ? Nombreuses sont les situations qui ne permettent pas cette distanciation, comme les transports en commun, la fréquentation des magasins, des théâtres, du cinéma et tant d’autres. Le port systématique du masque apparaît, dès lors, comme une évidence et la position des pouvoirs publics sur le sujet semble totalement incompréhensible.

Le bon sens voudrait pourtant que nous portions tous un masque

La ligne adoptée par le ministre de la Santé, Olivier Véran, et par le directeur général de la Santé, le professeur Jérôme Salomon, n’a cessé de varier. L’inutilité avancée du port de masque par tous cacherait-elle l’incapacité à peine voilée d’en fournir à tous les Français ? Le bon sens voudrait pourtant que nous portions tous un masque pour espérer sortir de ce long confinement, mais la tension est telle sur le marché des masques qu’il sera techniquement impossible d’en fournir à chacun d’entre nous. Tout juste pourrions-nous espérer qu’il y en ait suffisamment pour les professionnels de santé, le personnel des Ehpad et pour les travailleurs indispensables à la vie économique du pays comme les caissières, les éboueurs et les agents du service public. Dans ce contexte, la confection de masques artisanaux semble être une solution dont il serait dommage de se priver, mais l’idée peine à se frayer un chemin.

La déformation de la vérité étant la seule doctrine de nos dirigeants, au mensonge sur les commandes et les stocks de masques disponibles s’ajoutent ceux sur l’inefficacité supposée des masques artisanaux. Et pourtant, de nombreuses publications existent sur leur intérêt et nous serions irresponsables de nous en priver. Dès 2008, un article publié par la Public Library of Science (États-Unis) nous apprend que les masques artisanaux confèrent un degré signifiant de protection et sont susceptibles de diminuer la transmission virale. D’autres travaux de recherche publiés par la Society for Disaster Medicine and Public Health confirment cette efficacité dans le combat contre les pandémies, l’efficacité mesurée des masques artisanaux étant assez proche de celle des masques chirurgicaux.

Ils bloquent 95 % des virus

Enfin, une publication plus récente parue dans le Journal of Medical Virology offre des conclusions sans appel sur l’efficacité des masques artisanaux versus les masques FFP2 et les masques chirurgicaux : ils bloquent 95 % des virus, contre 99 % pour les FFP2 et 97 % pour les chirurgicaux. De nombreuses autres publications confirment l’intérêt de porter un masque artisanal dont l’efficacité sera d’autant plus grande qu’il aura été confectionné dans les règles de l’art. Pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans la fabrication de leur masque, l’Afnor met à leur disposition sur demande un guide afin d’en confectionner un dont l’efficacité sera garantie.

En parallèle de l’approvisionnement de masques chirurgicaux et FFP2 destinés aux professionnels de santé et aux malades dont il faut s’assurer qu’ils ne transmettent pas le virus, nous pouvons compter sur l’industrie textile pour produire en nombre des masques lavables. Certains ont déjà lancé leur production et nous les en remercions. Car il ne fait aucun doute qu’il faudra imposer le port de masque pour tous au risque de ne pouvoir sortir sereinement et raisonnablement du confinement, ou de voir une deuxième vague s’abattre sur nous une fois déconfinés.

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