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Le gouvernement reporte la question de la baisse des salaires des fonctionnaires et hauts responsables

Le gouvernement libanais, qui s’est réuni une nouvelle fois tard dimanche soir en Conseil des ministres afin de poursuivre l’étude de l’avant-projet de budget pour l’année en cours, a approuvé une série de mesures fiscales, mais a reporté l’examen de la baisse des salaires des fonctionnaires et des responsables politiques, dans le cadre de la politique d’austérité qu’il entend mener.

Au début de cette réunion qui s’est achevée à 2h du matin, les ministres ont observé, debout, une minute de silence en hommage au patriarche maronite émérite Nasrallah Sfeir, décédé dans la nuit de samedi à dimanche, trois jours avant de fêter ses 99 ans.

“Nous avons abordé de manière approfondie les points relatifs aux taxes, et nous avons approuvé plusieurs d’entre eux, notamment la baisse des frais d’enregistrement des motos pour encourager les conducteurs à enregistrer leurs engins, et les contributions de l’État au financement des écoles gratuites qui sont désormais sujet au contrôle de l’inspection pédagogique”, a annoncé le ministre de l’Information Jamal Jarrah à l’issue de la réunion.

“Les pénalités concernant l’évasion fiscale sont désormais élevées, de sorte à assurer le recouvrement de l’impôt par l’État”, a également fait savoir le ministre, sans donner de chiffres précis concernant les pénalités en question. “Les frais pour les permis de travail des étrangers ont été légèrement revus à la hausse, et les contributions de l’État aux institutions publiques subventionnées ont été revues à la baisse, à hauteur de 10 à 50% pour certaines”, a-t-il ajouté. “Les frais imposés aux avions qui atterrissent à l’aéroport de Beyrouth ont également été augmentés, de sorte à s’aligner sur les autres aéroports internationaux”, a ensuite annoncé le ministre de l’Information.

Baisse des salaires dans la fonction publique

Interrogé sur la baisse des salaires dans le secteur public, notamment ceux des responsables politiques, Jamal Jarrah a affirmé que l’examen de cette question a été reporté. “Le sujet des salaires, de manière globale, n’a pas été abordé, en attendant de voir l’impact qu’auront les mesures que nous avons approuvées jusque-là, notamment sur la réduction du déficit public, de sorte à savoir si ces mesures sont suffisantes ou non”, a expliqué le ministre. “Cette question nécessite un examen approfondi avant d’aboutir à une décision. Mais jusque-là, les mesures fiscales que nous avons approuvées sont importantes pour la réduction du déficit, et c’est la première fois que nous nous montrons fermes concernant la baisse des budgets (des différents ministères)”, a insisté Jamal Jarrah.

Un nouveau Conseil des ministres est prévu aujourd’hui à midi.

Dimanche soir, des dizaines de militants de la société civile ont manifesté aux abords du Grand Sérail afin de dénoncer la politique d’austérité du gouvernement, qualifiant les responsables de “voleurs”. Des échauffourées ont éclaté entre les protestataires et les forces de l’ordre, qui ont voulu les empêcher de s’approcher du siège du gouvernement. Des militaires à la retraite, qui craignent que leurs indemnités et leurs pensions de retraite ne soit touchées par les mesures d’austérité, ont également manifesté devant le siège de la Banque du Liban, quartier Hamra.

Lundi matin, ils se sont à nouveau rassemblés devant le siège de la BDL à Beyrouth, mais aussi devant ses branches à Jounieh, Zahlé, Tripoli, Tyr et Baalbeck. Ils ont parallèlement brièvement bloqué à l’aide de pneus enflammés l’axe routier de Dahr el-Baïdar, qui relie la capitale à la Békaa.

Lors de sa réunion vendredi, le gouvernement avait approuvé une mesure des plus appréhendées : la hausse temporaire du taux d’imposition sur les intérêts bancaires – souvent désigné improprement par le terme de « taxe » – qui passerait ainsi de 7 à 10 %. Cette hausse serait effective durant trois ans. Passé ce délai, le taux repassera à 7 %, avec la perspective d’être ramené à son niveau d’avant 2017, soit 5 %, si les conditions économiques le permettent. Bien que son entrée en vigueur ne soit pas acquise, le projet de budget pouvant encore être amendé en commission ainsi qu’au Parlement, l’intégration de cette mesure au projet de budget a été largement critiquée, notamment dans les milieux bancaires.

Le gouvernement doit adopter un budget pour l’année 2019, qui doit commencer à mettre en œuvre une partie des engagements de réformes pris les dirigeants libanais lors de la conférence de Paris (CEDRE) d’avril 2018 et qui conditionne le déblocage de plus de 11 milliards de dollars d’aides en prêts et dons par les soutiens du pays. Le texte doit notamment amorcer une réduction du déficit public à raison de 1 point de PIB par an pendant cinq ans de suite, alors que le ratio déficit/PIB a atteint 11 % en 2018 (pour un déficit estimé à plus de 6 milliards de dollars, bien que le budget prévisionnel pour 2018 tablait sur 4,8 milliards de dollars).

La nouvelle loi de finances devrait être adoptée avant la fin du mois, le ministère des Finances ne pouvant plus en principe collecter les impôts et décaisser les dépenses de l’État selon la règle du douzième provisoire au-delà du 31 mai, comme le Parlement le lui a autorisé en mars. Il reste que la question de l’assainissement des finances publiques est intimement liée à celle des recrutements illégaux dans la fonction publique. Un dossier dont s’est saisi ces dernières semaines la commission parlementaire des Finances et du Budget, présidée par le député Ibrahim Kanaan et qui doit aujourd’hui valider un rapport définitif faisant état, selon lui, de plusieurs milliers d’infractions, notamment en matière de recrutement.

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