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Vague de chaleur en Europe : “La durée est exceptionnelle”

Des records de chaleurs ont été atteints dans plusieurs endroits du globe cet été. Mais pour Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France, “le climat garde sa variabilité” et “il ne faut pas croire que toute la planète est en ébullition”.

INTERVIEW
La Terre est-elle en surchauffe ? Avec 41,1 degrés relevés à Kumagaya, au nord de Tokyo, lundi, le record national de température du Japon a été battu. Le Royaume-Uni et la Scandinavie rencontrent également des niveaux de chaleurs exceptionnels actuellement. Au début du mois, c’est l’ouest américain qui avait été frappé par une canicule record. Pour tenter de comprendre ce phénomène, Europe1.fr a interrogé Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France.

La chaleur semble toucher, simultanément, de nombreuses régions du monde. Comment l’expliquer ?

Il ne faut pas penser que toute la planète est en ébullition. Il y a aussi des endroits où il fait froid. Par exemple, il a neigé en Sibérie. On est passé de 35 degrés à -5 degrés en une semaine. On était au niveau des records de chaud et de froid en une semaine. En Europe, la chaleur domine mais pas partout. On rencontre des chaleurs record au Royaume-Uni et en Scandinavie mais on a un été habituel sur le bassin méditerranéen.
En Norvège, il a fait plus chaud à Oslo qu’à Toulouse au mois de mai et on s’attend au mois de juillet le plus chaud. C’est pareil en Angleterre. Ce qui est exceptionnel, c’est la sécheresse. Il n’est presque pas tombé une goutte d’eau à Heathrow depuis le 30 mai.

En Scandinavie, pour les mois de mai, juin et juillet, nous sommes 4 degrés au-dessus des normales de saison. Cela correspond à un excédent de température que l’on a connu en France lors de la canicule de 2003. En France, la chaleur est moins exceptionnelle même si le mois de juillet va être le troisième le plus chaud après 2006 et 1983, et le quatrième tous mois confondus.

Pourquoi atteint-on des niveaux de températures jamais vus dans certaines régions du monde ?

Que ce soit pour le Japon ou l’Europe, ce sont les mêmes causes mais pas les mêmes centres d’action. Pour ce qui est de l’Europe, les centres d’action, qui sont en général aux latitudes de la France et du sud de l’Europe, se retrouvent à des latitudes très élevées. L’anticyclone des Açores est beaucoup plus au nord, au niveau de l’Europe du nord, et ça bloque les masses d’air plus fraîches qui viennent plutôt de l’ouest. Le robinet tempéré de l’Atlantique est coupé depuis le mois de mai. La situation n’est pas exceptionnelle mais la durée l’est.

Doit-on s’attendre à ce que ce type de situation se reproduise dans les années à venir ?

Chaque année a sa particularité. Aujourd’hui (mardi 24 juillet), on a autour de 31 ou 32 degrés à Paris. L’année dernière, le même jour, on avait 21 degrés. On aura peut-être quelque chose de très différent l’année prochaine. Le climat garde sa variabilité.

Et le réchauffement climatique dans tout ça ?

“On peut absolument lier ce phénomène à la question du réchauffement climatique”, explique Jean-Pierre Hameau, également prévisionniste à Météo-France, pour qui les records de chaleurs constatés actuellement sont voués à être battus. “On voit bien que les masses d’air qui nous remontent de l’Afrique du Nord sont toujours plus chaudes”, constate-t-il. “Chaque année, nous aurons des températures record qui seront battues, une fois en Russie, l’autre fois en France ou au Japon (…)”, souligne quant à lui, le climatologue Jean Jouzel .

“Chaque événement individuel est très difficile à attribuer directement aux activités humaines”, explique Jean Jouzel. Mais les récents épisodes “sont compatibles avec les tendances à long terme causées par l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre”, estime l’Organisation météorologique mondiale.

Alors que les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre, “la question la plus importante est : ‘Verrons-nous (ces événements extrêmes) plus souvent si nous ne réduisons pas les émissions de CO2′”, insiste Anders Levermann. Et la réponse est “oui”.

Selon le rapport du groupe des experts climat de l’ONU (Giec) de 2012, les modèles “prévoient une intensification lors des prochaines décennies” des épisodes extrêmes. “On peut s’attendre à voir ces phénomènes se reproduire dans les années à venir”, confirme Jean-Pierre Hameau.

Source : Europe1

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