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Covid-19 : la Grèce en pénitence pour Pâques

La Grèce est un cas en Europe. Très peu atteinte par la pandémie, elle n’enregistre au 18 avril que 2224 cas confirmés et 108 décès. Comment vit-elle la « fête des fêtes », celle qui est célébrée habituellement par tout le peuple grec?

Cette année, les églises sont fermées et pour que le confinement soit respecté le samedi saint et le dimanche de Pâques, toute circulation automobile est interdite ces deux jours. Le samedi soir pour que le «Christos anesti» ne donne pas lieu à des rassemblements devant les églises, les hauts-parleurs des églises seront silencieux. Toute circulation automobile a été interdite ce week-end pascal et la police avait promis qu’elle serait sur les routes pour faire respecter cette interdiction.

Mais dans les villages ? Le géographe Michel Sivignon, spécialiste de la géographie de la Grèce, « ne voit pas trop comment on peut empêcher les réunions familiales. » Ce qui se passe le week-end pascal en Grèce, c’est comme une fête nationale. « Majoritairement orthodoxes, les Grecs sont très attachés à leurs cérémonies religieuses, seul moyen de garder leur identité durant les 400 ans de l’occupation ottomane. Durant toute la semaine sainte, les Grecs se préparent aux festivités du dimanche pascal, qui vient clore les quarante jours de jeûne et fêter la résurrection du Christ. Une journée sous le signe de la fête et de la convivialité.»

Dès le lundi qui précède la fête de Pâques, les Grecs s’activent pour préparer les festivités. Les bouchers reçoivent la viande pour le grand festin du dimanche. On peint les œufs en rouge. Les femmes confectionnent des biscuits secs, les koulourakia. Les maisons embaument la traditionnelle brioche de pâque, la tsoureki. On fleurit les croix des églises de tout le pays. Le vendredi a lieu la cérémonie la plus émouvante de la semaine. De nombreuses processions ont habituellement lieu dans tout le pays, notamment celle de l’épitaphios (qui symbolise le linceul du Christ), un moment fort où chaque fidèle brandit son cierge pour célébrer le martyre et la mise en croix du Christ. Il est coutume, en ce vendredi, de ne pas utiliser de pointe, clou et marteau.

Après la célébration du Vendredi saint, le Samedi saint lui, est un jour de joie et de lumière pour les fidèles. Les célébrations de Pâques commencent à minuit. Le prêtre allume en utilisant la lumière de l’autel un cierge tout droit venu de Jérusalem. A partir de ce cierge, chaque fidèle allume sa bougie. S’en suit une cérémonie célébrant la résurrection du Christ, les cloches sonnent à toute volée, les Grecs chantent « Christos anesti » (Christ est ressuscité). Les fidèles s’embrassent et des jets de pétards assourdissants viennent clore la célébration.

Cette année, toutes ces manifestations sont prohibées par l’Etat. Mais dans le confinement domestique, que va-t-il se passer ?

C’est la fin du jeûne, une fois de retour chez eux dans la nuit, les Grecs mangent la mayiritsa, une soupe traditionnelle aux abats de moutons avec une sauce aux œufs et au citron. La tradition veut que pendant le repas, chacun prenne son œuf rouge et le frappe sur l’œuf de son voisin, celui qui arrive à ne pas le casser aura de la chance toute l’année.

Le dimanche matin, tout le monde s’active pour se relayer autour de l’agneau à la broche dans la rue, les cours et les jardins. L’agneau pascal rôtit entier à la broche ainsi que le kokoretsi (saucisse avec les abats de l’agneau), le tout symbole de la résurrection. Tout le pays embaume la viande grillée, et flotte dans l’air une ambiance chaleureuse mêlant musiques et danses traditionnelles, et partage autour d’un bon verre.

Comme tous les ans, les musées et sites touristiques sont fermés ou fonctionnent au ralenti du jeudi de la Semaine sainte au lundi de Pâques inclus. Sauf les hôtels habituellement pris d’assaut qui sont désertés cette année.

Source : liberation.fr

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