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Comment la Chine, Taïwan et la Corée du Sud ont stoppé le coronavirus

Alors que plusieurs pays européens voient leur nombre de cas de Covid-19 grimper en flèche, deux pays asiatiques, la Corée du Sud et Taïwan, ont réussi à ralentir la progression de l’épidémie sur leur territoire. Entre réactivité et dépistage massif, voici quelques-unes des stratégies employées et qui ont changé la donne.

Pour la première fois depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la Chine n’a recensé aucun nouveau cas local. La guerre contre le coronavirus ne se déroule plus en Chine mais en Europe. L’Italie déplore presque autant de morts que dans le pays qui a vu émerger l’épidémie. En France, 9.043 cas sont avérés pour 148 morts, au 18 mars 2020, alors que des mesures de confinement sont appliquées depuis mardi 17 mars.

Dans cette crise sanitaire mondiale, deux pays tirent leur épingle du jeu par leur gestion de l’épidémie : la Corée du Sud et Taïwan. Focus (non exhaustif) sur les stratégies employées par ces deux pays, pourtant proches géographiquement de la Chine, qui ont réussi à ralentir la progression du Covid-19.

L’ultra réactivité taïwanaise face au coronavirus

Dès les premières rumeurs de la propagation d’une pneumopathie inconnue en Chine, Taïwan qui n’est qu’à 200 kilomètres des côtes chinoises, a réagi rapidement grâce au National Health Command Center (NHCC) créé après l’épidémie de SRAS.

En 2003, l’arrivée du SRAS à Taïwan avait particulièrement marqué la population. À l’issue de l’épidémie, le pays comptait 346 cas et 37 morts. Pour ne pas revivre cette situation, le gouvernement a créé un plan robuste de gestion des épidémies qui a porté ses fruits aujourd’hui.

Dès le 20 janvier 2020, les autorités taïwanaises ont filtré les personnes en provenance de Wuhan dans les aéroports. Peu de temps après, le ministre de la Santé taïwanais conseille à la population de se confiner. Les entreprises qui fabriquent des masques augmentent leur production pour faire face à la demande. Une centaine d’autres mesures dans les domaines de la santé, de l’économie et de la communication ont été prises.

Au 19 mars 2020, Taïwan, où vivent 23 millions de personnes, ne compte que 108 cas de Covid-19 et un seul décès.

Le dépistage massif coréen grâce au drive

Le scénario coréen est différent puisque le pays du matin calme pointait à la deuxième place des pays les plus touchés par le coronavirus, il y a quelques semaines. Les cas de Covid-19 sont pour la plupart liés à un rassemblement religieux à Daegu dans le sud du pays.

Depuis la découverte de ce foyer, la Corée du Sud a dépisté près de 270.000 personnes au total, grâce à 43 « drives » de dépistage éparpillés aux quatre coins du pays. Le personnel médical réalise des écouvillonnages aux gens qui restent dans leur voiture pour éviter tout contact rapproché. Le pays a la capacité de réaliser près de 15.000 tests de dépistage quotidien.

Le dépistage massif semble être une des clés du contrôle réussi de l’épidémie de Covid-19 en Corée du Sud puisque depuis plusieurs jours le pays décompte moins de cent cas par jour. Aujourd’hui, la France l’a dépassé en nombre de cas avérés et de décès.

Mais il y a une autre mesure, plus sensible, prise par les deux pays : le suivi de la population à travers leur smartphone.

L’utilisation des données personnelles pour suivre les malades

Le confinement de la population est aussi une mesure indispensable pour juguler une épidémie, appliquée dans la plupart des pays touchés, mais à des degrés différents. En France, sortir de chez soi est interdit à part dans certaines situations comme faire des courses, se rendre à un rendez-vous médical par exemple. Un déplacement non justifié par une dérogation écrite vous coûtera 135 euros.

À Séoul, briser la quarantaine est puni d’une amende de 2.500 dollars (environ 2.300 euros). Et le gouvernement veille au grain. Les personnes en quarantaine sont contactées deux fois par jour pour suivre leur état. De plus, le gouvernement suit à la trace les infectés par leur téléphone et leur carte bancaire et informe les personnes alentour de la présence d’un malade.

À Taïwan, les personnes revenant d’une zone contaminée sont confinées à la maison et leurs déplacements sont suivis via leur smartphone pour s’assurer qu’elles ne quittent pas leur domicile.

Des mesures intrusives qu’on imagine difficilement applicables en France. Quant aux autres décisions prises par Taïwan et la Corée du Sud, elles peuvent servir d’exemple mais il semble qu’il soit déjà trop tard pour les appliquer dans l’hexagone et que l’épidémie de Covid-19 suive le même chemin.

Confinement et attestation de sortie : le smartphone n’est plus autorisé !

Vous n’avez pas d’imprimante pour imprimer une attestation de dérogation afin de pouvoir sortir faire vos courses ou aller chez le médecin ? Le solution du smartphone n’aura été valable qu’une journée, et seul le papier libre est accepté.

 Toute la France est placée en confinement quasi-total pour lutter contre la propagation du coronavirus et les quelque 70 millions d’habitants doivent rester chez eux. Lors de son intervention télévisée, le président Emmanuel Macron a cependant expliqué qu’il était possible de sortir de chez soi exceptionnellement et qu’il fallait pour cela imprimer et remplir une « attestation de déplacement dérogatoire » disponible en téléchargement sur le site du ministère de l’Intérieur. Mais que faire lorsqu’on ne possède pas d’imprimante ?

Pendant quelques heures, les solutions se sont multipliées pour proposer une version numérique du formulaire, et la gendarmerie avait confirmé sur son compte Twitter que cette version numérique était parfaitement valable. Et au passage, c’était aussi plus écologique puisque l’on économise du papier… Sauf que ce mercredi matin, nos confrères de Numerama annoncent que le ministère de l’Intérieur fait marche arrière, et que les attestations présentées depuis son smartphone ne sont plus autorisées !

C’était pourtant très simple sur smartphone…

C’est dommage car, sous Android comme sous iOS, il suffisait de télécharger et installer Adobe Acrobat Reader, puis d’ouvrir le PDF de l’attestation, pour remplir chaque champ, cocher la case correspondante et signer grâce à son écran tactile. Un développeur avait aussi publié mardi un formulaire à l’adresse https://vik.io/sortie, et c’était vraiment ce qu’il y avait de plus simple et de plus sécurisé. Il suffisait là aussi de remplir les champs et de signer grâce à son écran tactile. À la fin, on appuyait sur Générer pour créer le fichier au format PDF et l’enregistrer sur son smartphone.

Hélas, ces solutions sont déjà à ranger aux oubliettes. Pour le moment, il est uniquement possible de recopier cette attestation sur un papier libre. C’est long et fastidieux, et il faut le refaire à chaque sortie pour promener le chien, se dégourdir les jambes ou aller en courses.

Bientôt une application ?

Si le gouvernement fait marche arrière, c’est parce qu’il craint sans doute pour la sécurité des données personnelles mises en ligne par les Français, et mardi, on a vu effectivement circuler des solutions en ligne qui étaient suspectes et ne respectaient pas le RGPD. Comme sur cette page qui surfe sur le confinement pour proposer une solution alternative. Selon nos confrères de RTL et aussi de Numerama, le gouvernement envisage donc de proposer sa propre application pour répondre aux besoins des familles sans imprimante. On peut donc s’attendre à ce qu’un lien vers l’App Store ou le Play Store soit accessible depuis le site du gouvernement pour la télécharger et l’installer sur un iPhone ou un smartphone sous Android.

Toutefois, cela pourrait prendre du temps à développer mais aussi à tester pour que ce soit disponible sur toutes les versions d’iOS et Android, et tous les modèles de téléphone en circulation. Sans oublier que des petits malins pourraient à nouveau en profiter pour créer de fausses applications. C’est ce qu’on a pu voir avec les cartes qui affichent en temps réel l’état de l’épidémie de coronavirus.

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