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Tueries aux États-Unis: les autorités s’inquiètent du «terrorisme intérieur»

Les deux fusillades qui ont fait ce week-end 29 morts au Texas et dans l’Ohio ont ravivé les débats sur les armes à feu et la rhétorique incendiaire de Donald Trump, accusé de racisme par les democrats.

L’Amérique s’est éveillée pantelante, dimanche, frappée par la double tragédie qui a coûté la vie à trente personnes, lors de deux fusillades distinctes, au Texas et en Ohio ; en l’espace de treize heures, ces massacres devraient relancer le débat sur l’impossible contrôle des armes à feu outre- Atlantique, en pleine campagne présidentielle, ainsi que sur l’ombre grandissante d’un terrorisme intérieur visant immigrants, juifs, musulmans et tous ceux censés menacer la «race blanche».

Samedi matin, à El Paso, cité fron-tière texane avec le Mexique, un tueur armé d’un fusil d’assaut de type AK-47 a abattu froidement vingt passants, dont un enfant de 6 ans, et blessé vingt-six autres personnes venues faire leurs courses dans un supermarché, avant de se constituer prisonnier. Le bilan risque de s’alourdir dans les prochains jours, certains des blessés, âgés de 2 à 82 ans, se trouvant dans un état critique. «C’est écœurant, intolérable et ce n’est pas texan», s’est indigné Greg Abbott, le gouverneur du Texas. Pas plus texan qu’ohien, sans doute. Et pourtant, le cauchemar s’est reproduit dans la nuit de samedi à dimanche, devant un bar du centre-ville de Dayton, en Ohio (voir ci-dessous).

D’une banalité terrifiante, la litanie insensée des statistiques défile en boucle sur les écrans de télévision, comme à chacune de ces tragédies: il s’agit de la 2187e tuerie de masse outre-Atlantique depuis le massacre tristement célèbre de 26 personnes dans une école maternelle de Sandy Hook (Connecticut), le 14 décembre 2012. 8666 Américains ont déjà été tués par armes à feu en 2019, et 249 tueries déjà recensées, pour une année qui ne comptait samedi que 215 jours.

La tragédie d’El Paso, elle, s’inscrit comme la sixième la plus sanglante de l’histoire récente et, selon son gouverneur, la pire de l’histoire du Texas, cet État où le port d’armes est toléré sans restriction (open carry), et où l’on peut porter un fusil en bandoulière au supermarché. À 10 h 30 du matin, le tueur imberbe est apparu devant l’entrée de l’imposant Walmart. Une caméra de sécurité a figé sa silhouette inquiétante: tee-shirt noir et pantalon cargo, fusil d’assaut presque trop grand pour sa corpulence, casque antibruit sur les oreilles, comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo ou d’une séance au stand de tir.

Après avoir semé la mort, avec un calme sidérant selon les témoins oculaires, le tueur s’est rendu sans résister. Le dénommé Patrick Crusius, originaire d’Allen, une bourgade du nord de Dallas située à plus de 1000 kilomètres et dix heures de route d’El Paso, est âgé de 21 ans. Il a ouvert le feu au jugé sur les clients, abattus de sang-froid sur le parking, près des caisses et dans les travées bondées en cette prérentrée scolaire.

Dix-neuf minutes avant que ne retentisse le premier appel paniqué au 911 (urgences), un manifeste était apparu en ligne, sur le site de partage 8chan, coutumier des imprécations islamophobes et antisémites. Élucubrant sur «une invasion hispanique du Texas» et le soi-disant «grand remplacement» en cours des Blancs par les «étrangers», classique des écrits suprémacistes blancs attribué au penseur identitaire français Renaud Camus et entendu lors du rassemblement néonazi de Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, le document de cinq pages proposait de «diviser l’Amérique en territoires racialement distincts». «Si nous pouvons éliminer suffisamment de gens, écrit l’auteur de ces lignes infamantes, alors notre mode de vie pourra subsister.» Six des victimes étaient des citoyens mexicains, a déclaré le président Andres Manuel Lopez Obrador dimanche soir, ajoutant que sept autre de ses concitoyens ont été blessés dans l’attaque.

Source : Le Figaro

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