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Vitamine D chez l’enfant : 3 cas de surdosage, comment l’éviter ?

L’Anses rapporte trois cas de surdosage à la vitamine D chez des nourrissons, suite à la prise de compléments alimentaires. Si la vitamine D est essentielle pour assurer la bonne croissance des os chez l’enfant et prévenir le rachitisme, en excès, elle peut menacer le pronostic vital des plus petits. Recommandations.ses rapporte trois cas de surdosage à la vitamine D chez des nourrissons, suite à la prise de compléments alimentaires. Si la vitamine D est essentielle pour assurer la bonne croissance des os chez l’enfant et prévenir le rachitisme, en excès, elle peut menacer le pronostic vital des plus petits. Recommandations.

Trois cas de surdosage chez des nourrissons, suite à la prise de compléments alimentaires. “Un excès en vitamine D peut avoir de graves conséquences sur leur santé et menacer le pronostic vital des tout-petits rappelle l’agence. La vitamine D est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme de l’enfant. En augmentant les concentrations de calcium et de phosphore dans le sang, elle participe à la bonne minéralisation des tissus, notamment des os, cartilage et dents, à une contraction musculaire efficace, à une bonne transmission nerveuse et à une coagulation adéquate. La supplémentation en vitamine D est recommandée en France dès la naissance afin de prévenir le rachitisme et doit être poursuivie pendant toute la phase de croissance et de minéralisation osseuse, c’est-à-dire jusqu’à 18 ans, recommande l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses). Mais sans excès. Conseils.

Quels risques en cas de surdosage ?

Dans un communiqué publié le 27 janvier 2021, l’Agence nationale du médicament (ANSM) et les sociétés savantes de pédiatrie, mettaient en garde contre les dangers d’une supplémentation en vitamine D via des compléments alimentaires chez les enfants et conseillaient l’utilisation de médicaments en goutte à la place. Les autorités de santé ont été alertées par plusieurs cas d’hypercalcémies sévères nécessitant des hospitalisations chez des nourrissons auparavant en bonne santé qui ont été exposés à une supplémentation en vitamine D sous forme de compléments alimentaires. En septembre 2021, l’Anses rapporte trois nouveaux cas. Les centres antipoison ont été appelés à de nombreuses reprises pour des enfants ayant reçu un complément alimentaire à base de vitamine D pendant plusieurs semaines, entrainant un surdosage. Les doses plus de deux fois supérieures à celle recommandée, entraînent un risque d’hypercalcémie. L’hypercalcémie se traduit par un taux excessif de calcium dans le sang, qui peut avoir des conséquences graves, telles qu’une atteinte rénale avec des dépôts de calcium dans le rein.

Surdosage en vitamine D : symptômes, risques, que faire ?

Avec l’épidémie de Covid-19, les prises de vitamine D ont augmenté dans la population française. En cause, la publication d’études ayant présenté les bienfaits possibles de cette vitamine pour prévenir une infection par le coronavirus. En janvier 2021, le CHU de Lille alertait sur le risque toxique de surdosage en vitamine D : “Soyez vigilant et ne consommez pas de compléments en vitamine D sans en parler à votre médecin. Les produits disponibles sur Internet peuvent être très dangereux prévenaient les professionnels. Quels sont les signes d’un surdosage en vitamine D ? Chez l’adulte ? Le bébé ? Quels effets ? Quels risques ?

Quels sont les symptômes d’un surdosage en vitamine D ?

Une intoxication à la vitamine D met du temps à s’installer. “Il n’y a pas de symptômes spécifiques, commence le pharmacien. C’est d’abord une fatigue, une somnolence, une irritabilité, des maux de tête, des vomissements, des vertiges, des diarrhées, des crampes abdominales, des douleurs musculaires et articulaires, des nausées, ça peut être confondue avec beaucoup de choses et il faut réagir avant”. En cas d’intoxication sévère et plus avancée, un surdosage en vitamine D entraîne ;

 

  • une augmentation de la soif,
  • des urines très fréquentes,
  • des troubles de l’équilibre,
  • des confusions,
  • le coma.

Peut-on faire un surdosage à cause des aliments riches en vitamine D ?

Il n’y a pas de cas décrit de surdosage en vitamine D lié à une alimentation naturelle. “Seuls des cas liés à une supplémentation excessive d’un aliment sont décrits” précise le pharmacien. A contrario, il existe des cas de surdosage en vitamine A par voie alimentaire. Une vitamine présente notamment dans l’huile de foie de morue, également très riche en vitamine D. “Prendre de l’huile de foie de morue n’est pas anodin, notamment pour les femmes enceintes car un excès de vitamine A peut être tératogène (risque de malformations fœtales).” 

L’huile de foie de morue est la plus riche en vitamine D. Elle pourrait, selon des chercheurs norvégiens, réduire le risque de Covid-19. Qu’en penser ? Quels bienfaits et dangers ? Réponses et conseils avec Dr Nina Cohen-Koubi, nutritionniste et psychosomaticienne.

Huile de foie de morue : qu’est-ce que c’est ? 

Il s’agit d’une huile de poisson obtenue, comme son nom l’indique, par décantation des foies de morue préalablement cuits et écrasés. “C’est un aliment intéressant car cette huile est la plus concentrée en vitamine D. Elle est également riche en vitamine A et en oméga 3, des acides gras essentiels polyinsaturés qui ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme”, informe le Dr Nina Cohen Koubi, nutritionniste et psychosomaticienne.

A partir de quelles doses ?

“Il n’y a pas de dose toxique pour la vitamine D établie à ce jour. C’est l’accumulation par des prises chroniques qui peut amener à une intoxication” indique le pharmacien. Le danger survient si on dépasse les posologies maximales recommandées (elles dépendent de chaque médicament et sont indiquées sur les notices) quotidiennement et de façon prolongée. Plus encore si on a un stock de vitamine D déjà très important.

Chez l’enfant : Une mise à jour des recommandations nationales concernant les doses de vitamine D destinées aux enfants est actuellement en cours. Celles-ci s’aligneront sur les recommandations européennes, à savoir 400 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant en bonne santé sans facteur de risque, et 800 UI par jour de 0 à 18 ans chez l’enfant présentant un facteur de risque.

Posologie : différentes spécialités médicamenteuses contiennent, à doses variées, soit de la vitamine D2 soit de la vitamine D3. Les doses recommandées sont indiquées sur les notices et dépendent de l’indication et de l’âge du patient. Il faut respecter ces posologies.

Quels sont les risques ?

Le risque principal d’un surdosage en vitamine D, c’est l’hypercalcémie, soit un taux excessif de calcium dans le sang. “La vitamine D a pour fonction principale le métabolisme phosphocalcique, explique Julien Tison. C’est une vitamine qui va faire en sorte qu’on absorbe plus de calcium et qui diminue l’élimination rénal de calcium.” Dans les formes les plus sévères, l’accumulation de calcium dans l’organisme peut être la cause d’atteintes rénales (néphrocalcinose) avec risque d’insuffisance rénale chroniqued’arythmies cardiaques et de décès.

Quels risques chez les enfants ?

Chez l’enfant, la vitamine D est indispensable à la croissance des os. Elle est ainsi prescrite en France dès la naissance en prévention du rachitisme (maladie de la croissance et de l’ossification). Mais en administrer trop peut être dangereux : “Les complications sont équivalentes à l’adulte sauf chez le petit enfant, de moins de 1 an car la fonction rénale n’est pas la même”  argue notre interlocuteur. A cet âge, l’enfant peut être plus sensible à l’hypercalcémie et à ses effets sur les reins.

A savoir : Ne pas administrer assez de vitamine D à l’enfant dans le cadre des recommandations pédiatriques pour prévenir le rachitisme est aussi dangereux.

Quels risques chez la femme enceinte ?

La vitamine D est considérée comme tératogène si on dépasse les posologies, c’est-à-dire qu’elle est susceptible de provoquer des malformations chez les enfants exposés in utero (lors de la grossesse). “Il n’y a pas de crainte à avoir chez la femme enceinte lors d’une supplémentation, rassure le pharmacien. Si on utilise des ampoules, que l’on respecte les posologies et que c’est bien suivi par un médecin, il n’y a pas de danger. En cas de doute, on a toujours le temps d’arrêter la supplémentation.”

Traitements : que faire ?

Pendant l’épidémie de Covid : 

  • Si vous êtes une personne à risque de Covid ou si vous êtes testé positif au Covid-19, n’hésitez pas à discuter d’un supplément en vitamine D avec votre médecin traitant.
  • Si le médecin traitant juge cela nécessaire, il prescrira un supplément en vitamine D sous forme d’ampoule. Un traitement fiable, sur ordonnance et remboursé par la Sécurité Sociale.

Hors Covid :

  • En cas de surdosage supposé à la vitamine D, il faut immédiatement prendre un avis médical. Le médecin arrêtera la supplémentation le temps d’évaluer les risques. La reprise du traitement pourra se faire en fonction de la quantification des doses jusqu’alors ingérées, du dosage de la vitamine D, de la calcémie…
  • En cas d’hypervitaminose D isolée, la prise en charge pourra se limiter à un simple arrêt de la supplémentation en vitamine D et à un suivi médical.

Comment éviter le surdosage ?

  • Respecter la posologie indiquée sur les compléments alimentaires ou médicaments (chez l’enfant privilégier les médicaments délivrés sur ordonnance plutôt que les compléments alimentaires en vente libre).
  • Ne pas multiplier les produits contenant de la vitamine D.
  • .Ne pas acheter de vitamine D sur Internet, mieux vaut toujours prendre conseil auprès d’un pharmacien.
  • Consulter un médecin traitant avant de se supplémenter en vitamine D.
  • Pour les bébés : ne pas ranger le flacon de vitamine D au même endroit que les huiles essentielles. “On a beaucoup de mamans qui peuvent administrer par erreur 4 ou 5 goutes du flacon d’huile essentielle au lieu du ZymaD®, quand les deux sont posés sur la table à langer par exemple” rapporte le pharmacien. Ne pas hésiter à appeler alors le Centre Antipoison 0 800 59 59 59 (numéro vert gratuit 24h/24).

Quelles doses maximales ?

Les recommandations sur la supplémentation en vitamine D en France sont en cours de mise à jour, rapporte la Société Française de Pédiatrie sur son site : “De concert avec les recommandations européennes, nous allons proposes pour TOUS les enfants de 0 à 18 ans une supplémentation quotidienne de 400 à 800 UI par jour de vitamine D, avec une cible de 400 UI par jour pour les enfants sans facteur de risque.” Selon la SFP, chaque pédiatre et autre intervenant de la petite enfance le libre choix de la spécialité prescrite, à condition qu’il s’agisse d’une forme médicamenteuse” de vitamine D, et donc soumise aux processus de fabrication et aux contrôles inhérents au médicament. “La vitamine D est un médicament, à manier comme tel, qui doit faire l’objet d’une prescription médicale. Selon nous, la prescription de vitamine D sous forme de compléments alimentaires doit être proscrite.”

Comment donner de la vitamine D à son enfant sans risque ?

La vitamine D est indispensable à la croissance des os chez l’enfant. Comme l’a rappelé l’Agence du médicament “administrer à son enfant trop de vitamine D peut être aussi dangereux que de ne pas en administrer assez”. Pour bien faire :

  • Bien contrôler les doses données à son enfant et ne pas multiplier les produits contenant de la vitamine D pour éviter des surdosages qui pourraient perturber sa fonction rénale.
  • Privilégier l’utilisation d’un médicament contenant de la vitamine D (Adrigyl, Deltius ou ZymaD) par rapport à celle d’un complément alimentaire enrichi en vitamine D, particulièrement chez le jeune enfant.
  • Ne pas multiplier les produits contenant de la vitamine D.

Pourquoi préférer les médicaments aux compléments alimentaires ?

Des professionnels de santé ou des parents préfèrent quelquefois substituer certains médicaments à base de vitamine D par des compléments alimentaires enrichis en vitamine D en raison des conservateurs ou huiles essentielles que ces médicaments peuvent contenir. Mais il existe des risques réels de surdosage favorisés par des concentrations élevées (500 à 10 000 UI de vitamine D dans 1 goutte), en cas de mauvaise lecture de l’étiquette des compléments alimentaires ou d’association de compléments alimentaires entre eux. “Nous recommandons donc aux prescripteurs de toujours privilégier l’utilisation d’un médicament par rapport à celle d’un complément alimentaire, tant au regard du bénéfice attendu que du risque, particulièrement chez le jeune enfant” indiquait l’ANSM. de plus, les autorités déconseillent l’achat de complément sur Internet “car ils peuvent être non-conformes à la réglementation”, a rappelé l’Anses.

  • Les notices des médicaments contenant de la vitamine D garantissent une information lisible en termes de doses, de précautions d’emploi, de risque d’effets indésirables et de surdosage.
  • Les médicaments présentent un niveau d’exigence concernant la qualité des matières premières, la fabrication et le contrôle du dosage dans chaque lot de fabrication supérieur à celui des compléments alimentaires.

Quels sont les médicaments disponibles en France ?

Dans la prévention de la carence en vitamine D, les médicaments administrés sous forme de gouttes sont les suivants :

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