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Variant Delta : symptômes, chez l’enfant, plus dangereux ?

Le variant Delta est largement dominant en France, représentant près de 99% des criblages. Il est également majoritaire à la Réunion, en Guyane, à Mayotte et dans les Antilles. Quelle est son origine ? Sa contagiosité ? Ses symptômes ? Quels sont les vaccins efficaces contre lui ? Carte et infos à date.

Le variant Delta a été détecté pour la première fois en Inde en octobre 2020 où il a été responsable d’une vague épidémique d’une très grande intensité et où le pic semble avoir été atteint début mai. Plus contagieux que la forme initiale du virus, il s’est propagé à de nombreux pays dans le monde comme les Etats-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni ou la Chine. La situation actuelle en France est caractérisée par une domination presque totale du VOC Delta, indique Santé publique France dans son analyse de risque du 11 août. Au 3 août, ce variant représentait 98,7% des séquences interprétables, selon le dernier bulletin de Santé publique France. Ce variant est plus transmissible que les autres mutations du Covid (environ 40 à 60% plus transmissible que le variant Alpha, Beta (environ 60%) et Gamma (environ 30%). Il devient également dominant dans le monde. 104 pays y sont confrontés, indique un rapport publié le mardi 6 juillet 2021 par l’OMS. Aucun pays d’Europe n’est épargné. Quelles sont les particularités du variant Delta ? Les symptômes sont-ils différents ? Quelle est sa contagion ? Son R0 ? Quels dangers sur le long terme ? Les vaccins réduisent-ils sa transmission ? Ce que l’on sait à date.

Le variant indien inclut 3 sous-lignages (B.1.617.1, B.1.617.2 et B.1.617.3) qui diffèrent légèrement en termes de mutations d’intérêt :

  • B.1.617.1 (Kappa)
  • B.617.2 (Delta, le plus fréquent en France) : c’est ce sous-lignage qui a été classé comme “préoccupant” par l’Organisation mondiale de la Santé. “Il est devenu évident que davantage de risques pour le public sont associés au B.1.617.2, tandis que des taux de transmission moindres ont été observés avec les autres sous-lignées”, précise l’OMS dans son point épidémiologique hebdomadaire sur la pandémie.
  • B.1.617.3

Delta plus : une variante du variant ?

Dans un communiqué publié le 22 juin 2021, le ministère indien de la Santé a indiqué avoir placé les États du Maharashtra, du Kerala et du Madhya Pradesh en alerte, à cause d’une nouvelle mutation du variant indien. Baptisée “delta plus”,  cette variante aurait été détectée chez 22 personnes et serait encore plus contagieuse que son cousin. D’après le communiqué, le delta plus a été découvert “dans le séquençage génomique d’échantillons prélevés dans les districts de Ratnagiri et de Jalgaon au Maharashtra, dans les districts de Palakkad et de Pathanamthitta au Kerala, et dans les districts de Shivpuri au Madhya Pradesh“. Selon le Consortium génomique indien sur le SARS-CoV-2 (INSACOG), le variant delta plus serait lié à :

  • une transmission plus accrue,
  • une liaison plus solide aux récepteurs des cellules pulmonaires
  • une diminution possible de la réponse des anticorps monoclonaux.

Définition : c’est quoi, quelle origine ?

Le variant indien ou “Delta” a été “repéré pour la première fois le 5 octobre 2020 près de Nagpur“, une ville du centre de l’Inde située dans le Maharashtra, rapporte un article du Monde du 19 avril 2021. Il s’agit d’un nouveau mutant du Sars-CoV-2, le virus responsable de la pandémie de la Covid-19, qui résulte de “quinze mutations spécifiques, détaille Anurag Agrawal, directeur de l’Institut de génomique et de biologie intégrative de New Delhi.

Quels sont ses symptômes ?

Le variant Delta ressemblerait à “un mauvais rhume”.

Si le variant indien semble plus contagieux que les autres souches, il entraînerait des symptômes typiques de la Covid-19. Le directeur de l’Institut de génomique et de biologie intégrative de Delhi indique que les malades souffrent de :

  • maux de tête,
  • congestion nasale,
  • maux de gorge,
  • douleurs musculaire,
  • diarrhée

“Et le climat étant chaud et sec cette saison, certains saignent du nez ou de la gorge parce qu’ils toussent ou éternuent davantage“. Les données recueillies dans le cadre de l’étude des symptômes de l’application Zoe Covid suggèrent que le variant Delta ressemblerait à “un mauvais rhume” chez les personnes jeunes “qui ont de toute manière des symptômes plus légers”. Ainsi, le premier symptôme serait le mal de tête, suivi d’un mal de gorge, d’un écoulement nasal et de la fièvre. La toux semblerait être le 5e symptôme le plus courant lors d’une contamination au variant Delta et la perte d’odorat n’apparaît pas dans le top 10 des symptômes les plus fréquents. Quiconque pense avoir des symptômes évocateurs du Covid doit passer un test et s’isoler dans l’attente des résultats.

L’efficacité des vaccins Pfizer et AstraZeneca contre les formes symptomatiques du variant Delta serait de 79%.

Quel est le R0 du variant Delta ?

Le R0, en épidémiologie, est défini comme le nombre moyen de personnes qu’une personne contagieuse peut infecter. Le niveau du R0 du virus Sars-Cov-2 historique est estimé à 3, celui du variant Alpha à environ 4,5 et celui du variant Delta à environ 6,6 (en l’absence de mesures barrières dont la vaccination).

Quelle est la contagiosité du variant Delta ?

Le variant Delta est responsable de la quatrième vague épidémique de Covid en France depuis le début du mois de juillet 2021. “Des données robustes confirment que le variant Delta présente une augmentation de la transmissibilité de 60% par rapport au variant Alpha, jusqu’à présent le plus transmissible” informait le Conseil scientifique du Covid le 6 juillet. Dans son analyse de risque du 28 juillet, Santé Publique France indique que le variant Delta est deux fois plus transmissible que le virus historique du Sars-CoV-2, 60% plus transmissible que le variant Beta et 30% de plus que le Gamma. Parmi les facteurs possibles pouvant expliquer cette augmentation de la transmissibilité de Delta, plusieurs sources de données différentes indiquent une augmentation de la charge virale dans le nasopharynx chez les personnes infectées. Pour autant s’il contamine plus de personnes, les données actuelles ne montrent pas de durée d’infectiosité supérieure du variant Delta par rapport aux autres virus circulant (variants ou non-variants).

Les vaccins sont-ils efficaces ?

En cas de schéma vaccinal complet, “l’efficacité des vaccins Pfizer et AstraZeneca contre ce variant demeure élevée contre les formes symptomatiques, même si elle semble moindre que pour le VOC Alpha (elle serait de 79%, ndlr), et très élevée contre les formes graves de COVID-19 (94%, ndlr)” informe Santé Publique France dans son analyse de risque du 28 juillet à partir de données britanniques. Une récente étude de l’Imperial College de Londres menée auprès de 100.000 personnes, sur la période du 24 juin au 12 juillet au Royaume-Uni, fait état d’un taux d’efficacité des vaccins de seulement 49% face au variant Delta. Ces travaux prennent en compte de manière indifférenciée les vaccins à ARN-Messager et le sérum AstraZeneca et portent des personnes vaccinées symptomatiques et asymptomatiques.

  • Vaccin Pfizer ou Moderna. Dans un communiqué du 9 juillet 2021, la Haute Autorité de Santé recommande de privilégier l’utilisation de vaccins à ARNm, Pfizer ou Moderna, pour les personnes qui démarrent la vaccination avec un intervalle de 3 à 4 semaines entre les deux doses. Ils seraient efficaces à 94% contre les formes graves, 79% contre les formes symptomatiques.
  • Le vaccin AstraZeneca a une efficacité élevée mais moindre que les vaccins à ARN sur la variante Delta. Cette différence est du même ordre que celle observée avec le variant Alpha.
  •  Avec le vaccin Janssen de Johnson & Johnson : si les données actuellement disponibles sont très encourageantes, elles sont à ce stade insuffisantes pour conclure formellement à la conservation de l’efficacité du vaccin sur le variant delta, indique la HAS dans un communiqué du 9 juillet. Des chercheurs de l’Université de New York ont suggéré, dans une étude relayée par le New York Times le 20 juillet, que le vaccin fabriqué par Johnson & Johnson serait beaucoup moins efficace contre les variantes Delta et Lambda que contre le virus d’origine. La dose unique de sérum administré ne serait pas suffisamment efficace pour lutter contre le variant delta. Toutefois prudence, cette nouvelle étude n’a pas encore été évaluée par des pairs ni publiée dans une revue scientifique. “Le message que nous voulions faire passer n’était pas que les gens ne devraient pas recevoir le J.&J. vaccin, mais nous espérons qu’à l’avenir, il sera boosté avec une autre dose de J.&J. ou un coup de pouce avec Pfizer ou Moderna“, a déclaré Nathaniel Landau, virologue à la Grossman School of Medicine de N.Y.U., qui a dirigé l’étude.
  • Les anticorps obtenus après infection par le variant Alpha et les virus ayant circulé avant janvier 2021 sont protecteurs vis-à-vis du variant Delta, en revanche les personnes ayant eu une primo-infection avec les variants Gamma (P1) ou surtout Beta (B.1.351) ont une protection croisée qui peut être insuffisante pour empêcher une réinfection avec le variant Delta.
  • Top 10 des symptômes les plus courants pour le variant Delta :

    1.  Mal de tête
    2. Mal de gorge
    3. Ecoulement nasal
    4. Fièvre
    5. Toux (continue)
    6. Fatigue
    7.  Frissons
    8.  Perte d’appétit
    9. Douleurs musculaires
    10. Modification/Perte du goût

    Quels sont ses dangers ?

    Des données britanniques, canadiennes et de Singapour indiquent une augmentation du risque d’hospitalisation et de formes sévères en lien avec ce variant par rapport au VOC Alpha (variant “anglais”) et autres souches de référence. “C’est un variant plus apte à faire des formes sévères, a informé le Pr Arnaud Fontanet sur BFM-TV le 30 juin. Des gens infectés ont plus de risque d’être hospitalisés, on estime ce risque à 50% supérieur au virus qu’on connaissait en 2020″. Les données actuelles ne montrent pas de durée d’infectiosité supérieure du variant Delta par rapport aux autres virus circulant (variants ou non-variants). En revanche, l’excrétion virale est plus élevée avec le variant Delta en comparaison notamment des variants Alpha (Source : Variants of Concern VOC Technical Briefing 17 PHE). Cette excrétion plus importante pourrait expliquer en partie l’augmentation de la transmissibilité du virus, indique le Conseil scientifique dans un avis du 8 juillet. Le variant indien est porteur de plusieurs mutations spécifiques : dont la substitution L452R qui le rend plus contagieux (50% plus que le variant Alpha) et la substitution E484K, déjà retrouvée chez les variants brésiliens et sud-africains qui aurait “un impact significatif en termes d’échappement immunitaire“, alertait Santé publique France dans son analyse du 8 avril.

  • Variant Delta en France

    98,7% de variant Delta est identifié par séquençage en France métropolitaine. En Outre-mer, les données récentes de séquençage sont très incomplètes, néanmoins, les données de criblage indiquent ces dernières semaines une prédominance de Delta à La Réunion, Mayotte, la Guyane et les Antilles. En Guadeloupe, les données de séquençage actuellement disponibles permettent cependant de confirmer la prédominance de Delta sur Alpha depuis Flash #16. Au niveau national, sur la semaine du 7 au 13 août 2021, 101 528 résultats de criblages ont été saisis en nouvelle nomenclature, soit 48,2% du nombre de tests (TAG et PCR) positifs.

    • 894 résultats positifs pour la mutation E484K ont été enregistrés, soit 1% des PCR criblées en nouvelle nomenclature où la mutation E484K est recherchée, avec un résultat interprétable.
    • 428 résultats positifs pour la mutation E484Q ont été enregistrés, soit 0,5% des PCR criblées en nouvelle nomenclature où la mutation E484Q est recherchée, avec un résultat interprétable.
    • 86 893 résultats positifs pour la mutation L452R ont été enregistrés, soit 94,6 des PCR criblées en nouvelle nomenclature où la mutation L452R est recherchée, avec un résultat interprétable.
    • En Ile-de-France : Le variant Delta est toujours majoritaire en Île-de-France et poursuit sa diffusion. En semaine 30 (26 juillet-1er août), la mutation L452R, portée principalement par ce variant, a été détectée dans 93,8 % des prélèvements positifs criblés pour lesquels les résultats étaient interprétables et transmis par les laboratoires. Les résultats de séquençage confirmaient la diffusion du variant Delta, souligne Santé Publique France.
    • Dans quels pays est-il présent ?

      Le variant indien circule en France métropolitaine depuis avril.

      Le VOC Delta est désormais le variant majoritaire à l’échelle internationale : il représente 84% des séquences déposées dans GISAID en juillet (par date de prélèvement), 75% lorsque les séquences du Royaume-Uni sont exclues. En semaine 28 (12-18 juillet) : il était devenu majoritaire dans la plupart des pays de l’Union Européenne. Il est intéressant de noter que, si dans certains pays européens très touchés par le variant Delta, la situation épidémique se dégrade plus ou moins fortement actuellement (France, Irlande, Italie, Suisse), d’autres qui étaient dans une situation épidémiologique initialement défavorable il y a encore peu, présentent actuellement une tendance à la stabilisation (Espagne, Portugal, Grèce) voire à une amélioration assez rapide (Royaume-Uni, Pays-Bas). Enfin en Allemagne, où le variant Delta représentait près de 88% des séquences réalisées en S28, aucune augmentation majeure du taux d’incidence n’est pour l’instant observée depuis la troisième vague pandémique du printemps 2021. Chaque pays européen est ainsi caractérisé par une situation particulière.

      Plus contagieux chez les jeunes et les enfants ?

      La double mutation présente sur le variant indien augmenterait sa capacité de transmission, notamment chez les jeunes et les enfants. En Inde, en mai 2021, 65% des nouveaux malades avaient moins de 45 ans, selon le chef du gouvernement local de New Delhi. Le variant touche ainsi les personnes jeunes, voire les enfants : “l’année dernière il n’y avait pratiquement pas d’enfants hospitalisés“, ce qui n’est désormais plus le cas, signale Khusrav Bakan consultant à l’hôpital P. D. Hinduja National de Bombay. En Europe, il y a “pas mal de cas chez des sujets jeunes et même chez des enfants, ajoute le Pr Patrick Berche, microbiologiste et membre de l’Académie de médecine. Cela est assez inquiétant. Mais ça demande vérification. Pour le moment, ce n’est pas étayé par des publications. On a des indications qui pourraient suggérer que le virus devient plus virulent, mais ce n’est pas confirmé“.

       

      Source : Le Journal des FEMMES

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