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Coronavirus et groupe sanguin : explications sur un intrigant mécanisme immunitaire

C’est un constat qui a de quoi surprendre : le risque d’être infecté par le coronavirus du Covid-19 serait plus faible pour les personnes du groupe sanguin O, et plus élevé pour les autres. Voici les explications d’un chercheur qui tient depuis 2008 une hypothèse renversante à ce sujet. Et imagine d’en faire un outil pour contrer l’épidémie.

Les anticorps naturels qui nous viennent de notre groupe sanguin seraient des armes contre l’infection par le coronavirus ! C’est une étude chinoise sous presse qui l’affirme. Menée sur 1800 malades du Covid-19 dans trois hôpitaux à Wuhan et Shenzen, ses conclusions sont formelles : le virus frappe davantage les membres du groupe sanguin A que O, avec une probabilité relative de 1,20 et 0,67, respectivement. Les auteurs estiment qu’il en va de même pour le groupe B (plus de chances d’être infecté), mais l’échantillon est trop faible pour l’établir statistiquement, les membres de ce groupe étant moins nombreux.

Est-ce bien sérieux ? En fait, le lien entre groupe sanguin et immunité n’a rien d’ésotérique. L’idée d’un effet protecteur du groupe O avait déjà été avancée en 2005 par une équipe hong-konguaise suite à l’épidémie de SRAS, maladie dont le virus est à 80% identique à celui du Covid-19. Elle revient en force aujourd’hui. “Nous avions publié une explication à ce sujet en 2008, malheureusement passée inaperçue”, se souvient Jacques Le Pendu, directeur de recherche au laboratoire de cancérologie et immunologie Nantes-Angers (Inserm, université de Nantes).

Pour comprendre, rappelons d’abord que les personnes du groupe O possèdent toutes des anticorps anti-A et anti-B, tandis que ces derniers possèdent seulement des anticorps anti-B (chez les A) et anti-A (chez les B). Il n’existe pas d’anti-O. Grâce à ces anticorps, le système immunitaire peut attaquer les cellules du sang étrangères, reconnaissables aux antigènes présents à leur surface. Ces antigènes sont des molécules à base de sucres appelés glycanes, qui diffèrent selon le groupe sanguin : antigène A chez le groupe A, antigène B chez le groupe B et absence d’antigène chez le groupe O.

Le coronavirus avance masqué

“Or, il se trouve que les antigènes de groupe sanguin sont également présents chez les coronavirus, révèle l’immunologiste. En fait, les cellules de la surface des poumons affichent comme les globules rouges les antigènes ABO. Quand le virus infecte ces cellules pulmonaires, il s’y multiplie et en ressort recouvert d’une couche de glycanes. Il s’en sert comme d’un bouclier capable de le masquer vis-à-vis du système immunitaire, une stratégie présente également chez le VIH.” Mais ce bouclier possède une faille…

En résumé, les coronavirus du Covid-19 et du SRAS affichent les antigènes propres au groupe sanguin du patient qu’ils ont infecté : A, B ou aucun chez les O. Ainsi, pour expliquer la plus forte résistance des membres du groupe O, il suffit de faire un pas de plus… que franchit Jacques Le Pendu : “notre 

hypothèse est que les anticorps anti-A et anti-B propres au groupe O peuvent neutraliser les virus venus de personnes du groupe sanguin A ou BLa preuve formelle n’est pas faite, mais notre équipe avait reproduit, in vitro, ce mécanisme dans l’étude parue en 2008.”

Plus de chances d’être contaminé par quelqu’un du même groupe

En somme, si vous appartenez au groupe O, vous auriez moins de chances d’attraper le virus par une personne du groupe A ou B ; si vous appartenez au groupe A, moins de chances d’être infecté par une personne du groupe B, et inversement.

En plus d’être très intrigante, cette explication permettrait d’envisager de nouvelles manières de lutter contre le fléau du Covid-19. L’immunologiste imagine : “on pourrait séparer patients et soignants d’un même groupe sanguin, par exemple ; ou bien administrer des anticorps en prophylaxie ; ou encore faire remonter le taux d’anticorps chez les personnes à risque (il baisse à partir d’un certain âge) à l’aide de probiotiques spécifiques…”

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