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Coronavirus : une épidémie de fausses nouvelles et de complotisme

La pandémie de Covid-19 s’accompagne d’une diffusion inédite de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et des théories du complot habituelles qui s’y greffent.

L’AFP en opère le décompte, inlassablement. Ce sont près d’une centaine d’informations sur la pandémie que sa cellule investigation a déjà vérifiées et, quasiment à chaque fois, démenties.

Les faux remèdes « maison » pour prévenir ou guérir du coronavirus forment un inventaire à la Prévert : se raser la barbe, boire de l’eau « toutes les 15 minutes », « de l’eau bouillie avec de l’ail », « du thé au fenouil » (au Brésil) ou même de l’urine de vache (en Inde), se gargariser avec « de l’eau mélangée à du sel ou du vinaigre », manger de la viande de bœuf. Au point que le ministère de la santé a dû communiquer sur les réseaux sociaux : « Non, la cocaïne ne protège pas contre le Covid-19 ».C’est une drogue addictive provoquant de graves effets indésirables et nocifs pour la santé des personnes.

Des fausses nouvelles aux théories du complot

Parallèlement, les théories conspirationnistes préexistantes, venues se greffer aux nouvelles peurs, se propagent sur Internet : fausse nouvelle sur les mosquées et synagogues qui seraient « les seuls lieux de culte à pouvoir rester ouverts en France » ; diagramme prétendant démontrer que « la propagande de psychose et la désinformation sur l’hydroxychloroquine relèvent d’un complot judéo-maçonnique » ; ou caricatures antisémites.

« Plaquant du connu sur de l’inconnu, de l’intentionnel sur de l’aléatoire, les théories du complot rassurent en donnant l’illusion de pouvoir maîtriser l’immaîtrisable : s’il existe des responsables, c’est qu’on peut éradiquer la source du mal », décrypte Rudy Reichstadt, le fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme.

Les réseaux sociaux au banc des accusés

Selon l’auteur de L’Opium des imbéciles. Essai sur la question complotiste (Grasset, 2019), les réseaux sociaux offrent à ces théories du complot une caisse de résonance sans précédent. « Ce sont eux qui permettent à ces théories de circuler plus rapidement et intensément, analyse-t-il. D’autant plus que les gens sont confinés chez eux, faisant bondir les taux de connexion et favorisant la recherche d’explications et d’informations sur Internet. »

Autre phénomène inédit décrit par Rudy Reichstadt : alors qu’auparavant, il y avait des prescripteurs identifiés – comme Alain Soral ou Dieudonné -, dorénavant la moindre vidéo diffusée par un inconnu peut devenir virale. Celle de ces internautes, par exemple, brandissant l’étiquette de gels désinfectants comme la preuve que le nouveau coronavirus existait depuis longtemps ou qu’il avait été créé et breveté par l’institut Pasteur.

S’ajoute enfin l’effet « Dunning-Kruger », étudié en psychologie des groupes : moins une personne est compétente dans un domaine, plus elle parle avec confiance.

Une porosité variable

Quant à la réception, dans l’opinion, de ces fausses informations, une enquête réalisée par l’Ifop pour l’Observatoire du conspirationnisme et la Fondation Jean-Jaurès permet de la mesurer. Elle révèle que 17 % des personnes interrogées pensent que le coronavirus a été développé intentionnellement dans un laboratoire (1).

Mais cette moyenne cache de grands écarts. D’une part, selon le niveau de vie : de 4 % des personnes « aisées » à 22-23 % des catégories « modestes » et « pauvres ». D’autre part, en fonction de l’âge : de 6 % des plus de 65 ans à 27 % des moins de 35 ans. Une plus grande porosité des jeunes générations devenue classique, tant celles-ci s’informent prioritairement sur les réseaux sociaux.

Politiquement, c’est la porosité, tout aussi classique, des extrêmes qui se confirme : 5-6 % des électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon à la présidentielle croient à ces fausses informations, quand ils sont 20 % parmi ceux de Jean-Luc Mélenchon et jusqu’à 38 % de Marine Le Pen.

(1) Réalisée du 24 au 26 mars 2020 auprès d’un échantillon représentatif de 1 008 personnes.

Source : La croix.fr

 

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