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Kaboul

A Kaboul, « on sent nos vies rétrécir : on s’emmure »

Les renforts américains cherchent à donner de l’air au gouvernement afghan, ébranlé par les attaques des talibans et de groupes affiliés à l’EI dans la capitale

Il faut reconnaître qu’elle est mal gardée, cette porte. Quatre soldats autour d’un mince battant de métal, sans guérite ni piles de sacs de sable : c’est peu, pour l’un des principaux hôpitaux de Kaboul. Les voisins n’ont pas confiance : ils ne viennent qu’en cas d’urgence. Le directeur de l’établissement Istiqlal, Mohammad Saber Nassib, s’est habitué à ce que de futurs papas, forcés de passer la nuit au département d’obstétrique aux côtés de leur épouse enceinte, lui demandent en chuchotant, à la tombée du jour, où se trouve l’issue de secours et s’il existe une pièce fortifiée, dans laquelle ils pourraient se réfugier, au cas où… M. Nassib, 45 ans, ne s’étonne plus lorsque des familles, prises de panique parce qu’un nouvel attentat a ébranlé la capitale afghane, lui réclament leurs malades. « Ils préfèrent les avoir chez eux, quitte à ce qu’ils meurent faute de soins. Ils ont peur que l’hôpital soit la prochaine cible, dit le directeur. Ce ne sont plus seulement les bombes qui nous tuent : c’est la peur elle-même. »

Depuis le début de l’année, la peur a fait de nouveaux progrès dans Kaboul. Suffisamment pour qu’à la mi-mars, le chef des forces armées américaines et de l’OTAN en Afghanistan, le général John Nicholson, affirme que la capitale était redevenue leur terrain de déploiement prioritaire. Des forces spéciales américaines y mènent des raids contre les talibans et la filiale régionale de l’organisation Etat islamique (EI), qui ont revendiqué cinq attaques meurtrières à Kaboul en décembre 2017 et en janvier, faisant plus de 200 morts, pour la plupart des civils.

Les unités américaines doivent opérer entre un premier cordon de sécurité, tenu par l’armée afghane, dans les bidonvilles qui ne cessent de s’étendre aux marges de la capitale, et un second anneau qui enserre les administrations centrales – un dédale de rues fortifiées aux abords duquel certains chauffeurs de taxi refusent désormais de se rendre, par peur de…

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